Lorraine de Sagazan aime à penser le théâtre comme une rencontre. Avec Un Sacre, elle ouvre un espace qui relie les vivants et leurs morts, à la recherche d’une autre manière de célébrer nos fantômes. Un spectacle percutant, drôle et bouleversant. Pendant près de six mois, Lorraine de Sagazan et Guillaume Poix ont questionnés 300 personnes sur leur rapport au concept de réparation. Et tous, ou presque, finissent par parler d’un mort, et formulent le manque d’un lieu où l’on saurait, collectivement, convoquer les absents et réparer les vivants. À partir de neuf de ces récits, la compagnie La Brèche invente alors un rituel théâtral intense et cathartique au-delà des tabous au fil duquel neuf interprètes portent au plateau un deuil qui ne leur appartient pas. Dans un décor de théâtre abandonné, qui se verra peu à peu recolonisé par une vie végétale, les comédiens livrent un cérémoniel lyrique et trivial, burlesque et docu-fictionnel, parlé, pleuré et dansé. Et réinvestissent, par un puissant geste performatif, la dimension physique du chagrin en partage. L’un des coups de cœur de l’équipe des Gémeaux !
La Presse en parle
TTT Lorraine de Sagazan, toujours inattendue, jamais répétitive, organise sur le plateau une cérémonie ambitieuse et d’une beauté parfois fulgurante. Télérama
Leur spectacle est une célébration mêlant la joie aux larmes et même l’humour loufoque au désarroi le plus sensible. Preuve, une fois encore, de la puissance de sublimation du théâtre (…) Saisissant. Télérama
Un Sacre irradie de toutes parts, de sa beauté scénographique, de la singularité de chaque récit, [de ses] interprètes flamboyants, leurs tonalités variées et leur adresses public. Frontal et bouleversant, Un Sacre porte à son paroxysme l’essence de l’expérience théâtrale, individuelle et collective. Il fait œuvre de cérémonie manquante, et renvoie chacun à ses propres absents. Théâtre(s)
Les comédiens forment alors une troupe lumineuse, où chacun s’empare, avec ses tripes, du personnage qui lui a été confié. S’illustrant, à tour de rôle, en solo, à commencer par Jeanne Favre, Nama Keita et Louise Orry-Diquero, renversantes d’intensité, ils savent aussi se retrouver, souvent en parallèle des partitions monologuées, dans de beaux moments collectifs où le langage des corps prend le pas sur les mots. Sceneweb
Il y a le langage, qui donne un semblant de sens à ces expériences singulières. Mais il y a aussi la danse qui prend le relais, aux limites de l’indicible. (..) Ce sacre, au sujet à priori plombant allège et libère. Salvateur, par les temps qui courent.
Les Inrockuptibles
Sagazan fait du public une force agissante, prenant le spectateur à témoin de cette cérémonie profane. Elle agrège les vulnérabilités individuelles en une communauté compassionnelle, non pas larmoyante mais rédemptrice. Spinoza l’aurait peut-être dit ainsi : Un sacre n’est pas une victoire contre la mort, mais une victoire de la vie. I/O Gazette
Chaque fois, la charge lacrymale des témoignages laissera place au soulagement communicatif des gestes mystérieux, du retour dans la ronde. Jusqu’à ce que l’air de rien, cette assemblée d’humains bien contemporains rodent avec nous l’exécution d’un précieux rite funéraire, où la peine de l’un redevient l’affaire de tous. Mouvement
La mort attendue, espérée, soudaine, injuste, la mort provoquée qui vous laisse à jamais hanté. Mais la mort jamais ici mortifère et tire-larmes mais attaquée par le rire, assumée par la sagesse et la poésie, transcendée par l’esprit. Un Sacre est puissant, poignant, déchirant, fleurs du mal cathartiques pour visions extatiques. Le Courrier de l’Ouest