On pourra discuter à l’infini, mais on ne sait pas forcément très clairement où la voix de Gabi Hartmann nous transporte : un bar jazz en sous-sol, une plage tropicale au crépuscule, une terrasse dans une pente de Lisbonne, le fond d’une brasserie parisienne par une nuit d’hiver ? On ferme les yeux et passent, enlacées, l’ombre d’une légende du jazz, d’une diva de la bossa nova, d’une grande dame en noir de la chanson française ou portugaise, quelque part au carrefour du chic exquis et de la mélancolie vertigineuse, de la douceur consolante et du spleen partagé. Quelques mois après un EP introductif, paraît enfin le premier album de Gabi Hartmann, produit avec Jesse Harris. Ils se rencontrent en 2018 à New York. Il apporte tout ce qui fait la gloire de ses collaborations avec Norah Jones, Madeleine Peyroux ou Melody Gardot.
La Française à la voix de feutre et de platine nous embarque dans son étrange esquif à l’assaut du monde. Un premier album gracieux et tragique. La séduction, immédiate, s’opère. Télérama