Forte de quelques 60 créations en quarante ans de carrière, la chorégraphe flamande repart de la marche comme racine du mouvement dansé pour remonter, via le blues et ses walking songs, aux origines de la pop occidentale. Et nous faire goûter au calme d’avant – ou d’après – la tempête. EXIT ABOVE, ou quand la danse rencontre le blues. Avec EXIT ABOVE, Anne Teresa de Keersmaeker met les principes géométriques qu’elle affectionne au service d’une ode au mouvement marché, célébrant le potentiel politique et poétique de la marche collective et de l’errance solitaire. Musicalement aussi, le spectacle est un retour aux sources. Le morceau Walking Blues, du légendaire Robert Johnson, donne le ton, tandis qu’une grappe de 13 performeurs s’avance à l’unisson. Parmi eux, l’autrice et compositrice Meskerem Mees interprète en live une série d’envoûtantes variations, avec le danseur Carlos Garbin. Bientôt, le duo sera relayé par les compositions électroniques de Jean-Marie Aerts. À la ballade poétique, révélatrice des fluctuations de nos paysages intérieurs, succéderont des échappées enivrées, individuelles et collectives. Comme pour conjurer la tempête annoncée.
L’écriture d’Anne Teresa De Keersmaeker, son art d’électriser la scène de façon ample et sans cesse reconfigurée s’imposent une fois de plus. Disséminés, puis rassemblés, égrenés en autant de contrepoints, traçant des cercles puis des flèches, ralentissant et accélérant, les danseurs entretiennent une palpitation permanente jusque dans l’immobilité. Le Monde