Depuis plus de dix ans, Pauline Bureau nous plonge dans l’intimité de personnages aux parcours singuliers. Avec Neige, très belle réécriture du conte de Blanche-Neige, la metteuse en scène évoque avec tendresse le passage de l’adolescence à l’âge adulte. À tout juste quatorze ans, Neige aspire à grandir et à s’affranchir de l’emprise d’une mère autoritaire. Succombant à son désir de liberté, elle s’échappe et disparaît en forêt. C’est le point de bascule. Personne ne sortira de ce bois comme il y est entré. Pauline Bureau renoue ici avec la fable et la fiction qu’elle affectionne tant. Mère et fille se poursuivent à travers les âges, le prince n’est pas si charmant et le chasseur fait figure de sagesse. La scène est peuplée d’arbres majestueux et d’animaux paisibles. Sublimée par des jeux de lumière, cette forêt féérique devient le théâtre somptueux d’un parcours initiatique.
L’autrice et metteuse en scène retrouve le feu sacré qu’on aime tant. Poursuivant le travail de sape des fondations patriarcales qui irriguent les fables enfantines, elle fait de Neige une héroïne à laquelle tous les enfants peuvent s’identifier. Mais sa grande force, au-delà de sa direction d’acteurs au cordeau, est l’univers onirique dans lequel elle fait évoluer ses protagonistes, une forêt enneigée plus vraie que nature. Transfuge